La dimension services est essentielle pour faire entrer l’immobilier dans le monde de l’IT

Tribune parue sur Alliancy, le mag numérique et business le 10 mai 2021.

 

Avec l’accélération du travail à distance les entreprises doivent plus que jamais augmenter la valeur d’usage de leurs bâtiments pour les faire évoluer vers des plateformes de services fluides, pérennes et sécurisées. Cette approche servicielle des systèmes d’information est essentielle à la construction du smart building. Pascal Zératès, Directeur Général de Kardham Digital, nous livre son analyse. 

 

Moins de temps passé au bureau, plus d’expérience utilisateur

 

Reparti à la hausse selon la dernière enquête du ministère du Travail*, le télétravail semble éloigner chaque jour un peu plus les collaborateurs du bureau. Mais que l’on ne s’y méprenne pas, s’ils viendront moins souvent en entreprise, les collaborateurs en attendent toutefois une nouvelle expérience, celle de mieux y travailler ensemble. Avec l’accélération de l’hybridation du travail, plus que jamais les organisations doivent donc repenser le parcours des collaborateurs et visiteurs dans leurs murs.

Elles doivent augmenter la valeur ajoutée du bureau, offrir une expérience différenciante, rechercher de la qualité de vie, recréer de la cohésion et du lien social. Le digital va permettre de gérer au mieux ces nouveaux espaces pour augmenter la proposition de valeur au travers d’une démarche globale. Il permet de travailler sur cette notion utile qui est la qualité de vie au travail en proposant des services à valeurs ajoutée : des services d’automatisation, d’information contextualisées par rapport à l’environnement du collaborateur. Il lui apporte un confort supérieur, permet de mieux gérer son temps et son parcours au quotidien.

Il faut aussi que ces nouveaux environnements apportent toutes les garanties de sécurité sanitaire au collaborateur, et ce en temps réel. Un enjeu réel pour les directeurs immobiliers et les foncières qui doivent mettre à jour les bâtiments au risque de créer un désamour des usagers, des locataires ou des preneurs. Car si on mesure déjà que la réduction des surfaces des bureaux a une incidence financière sur l’immobilier d’entreprise, celle-ci risque de s’aggraver une fois les baux arrivés à échéance s’il n’y a pas cette volonté de rénovation des bâtiments et donc d’augmenter la valeur d’usage du bâtiment.

 

Un système d’information du bâtiment ouvert, flexible et sécurisé

 

Pour ce faire, les organisations doivent donc revoir l’intégralité du système d’information de leur bâtiment. Cela implique de regarder le sujet non pas uniquement sous le prisme de la technologie mais de l’usage : comment construire et fluidifier ce parcours de l’humain en donnant des outils aux gestionnaires d’espace pour qu’ils puissent évaluer les jauges. Mais aussi comment donner les moyens aux collaborateurs de trouver un espace de travail disponible, de réserver les différentes ressources qui vont du parking à la salle de réunion, tout en vérifiant la disponibilité d’une place dans le restaurant d’entreprise, etc. Rappelons à titre d’exemple, que la mobilité ce n’est pas seulement penser à installer une connexion sans fil, c’est faire suivre le réseau vers l’utilisateur avec sa sécurité, et ce quel que soit son environnement, qu’il soit à la maison ou dans un bâtiment au RDC ou au 8ème étage.

Revoir le système d’information d’un bâtiment c’est donc penser des plateformes de convergence avec toujours cette idée d’une expérience utilisateur à son paroxysme. Pour que le collaborateur puisse interagir avec la même fluidité avec la domotique que celle avec laquelle il peut interagir à la maison. La notion de latence sur les applications doit donc aussi être intégrée car un système d’information qui est mal utilisé coûte très cher. Le mille-feuille logiciels est à éviter, la sobriété numérique est également un sujet majeur. Là encore, il faut se poser la question de la valeur d’usage et travailler sur des solutions qui convergent grâce à des routes de communication stables et sécurisées. Car il est évident que l’infrastructure informatique et les applications métiers du bâtiment doivent intégrer cette notion essentielle de la sécurisation des données que l’on retrouve ailleurs dans n’importe quel autre système d’information.

Les bâtiments ont donc besoin d’une infrastructure informatique sur laquelle il va être possible de reposer tous les nouveaux usages que l’on connait aujourd’hui. Mais un socle qui soit également suffisamment ouvert sur son environnement et évolutif pour pouvoir accueillir les nouveaux usages de demain. Qui s’inscrive dans une dynamique plus large de smart city, puisque demain les bâtiments seront amenés à s’interconnecter avec d’autres systèmes intelligents pour pouvoir échanger des informations. Ainsi, quand on parle de réseau dans le bâtiment, il ne s’agit pas de réfléchir à 2 ou 3 ans mais à 5, 7 voire 10 ans. Il y encore quelques mois, on ne parlait pas de système d’information du bâtiment, on parlait de la GTB (Gestion Technique du Bâtiment), de Building Operating System, on percevait que le secteur de l’immobilier essayait de s’approprier ces sujets de l’IT mais qu’il était encore balbutiant.

Les entreprises doivent se saisir de l’opportunité de la crise sanitaire comme d’une formidable opportunité pour s’emparer de ces sujets. Car la question n’est pas de réfléchir au digital ou au smart building de demain. Le digital n’est plus une option. Le secure by design, l’expérience utilisateur, la mobilité ne sont plus des options. Le sujet aujourd’hui n’est pas de savoir s’il faut faire mais de comment le faire. Et faisons-le. Le secteur immobilier est en train d’embrasser le secteur de l’IT avec un apport de valeur ajoutée sans précédent. Le bâtiment tertiaire constitue ainsi son propre système d’information, avec ses règles de sécurité, d’architecture, ses applications, et une disruption qui s’organise autour de l’usage, de la RSE et de la qualité de vie au travail.

Valoriser l’usage du bâtiment ce n’est pas seulement savoir quelle infrastructure informatique construire. C’est aussi et surtout penser à l’exploitation de ce système d’information sur la base de contrats de services. Seul ce nouveau paradigme permettra de resynchroniser l’horloge du bâtiment sur celle de l’IT.

*Résultats d’enquête rapportés par Le Parisien